Ramdam chez les fleurs - Aleth Ferrand

Ce matin n’est pas un matin ordinaire.

La rosée est bien là, mais je sens une odeur étrange …

Je me penche vers ma rose préférée.

Elle exhale un parfum légèrement ambré, comme à l’accoutumée… mais… Elle me semble encore endormie et je remarque que ses pétales tremblent.

Je jette un coup d’œil aux alentours.

Mystère, mon parterre n’est pas comme d’habitude !

Encore plus surprenant, j’entends comme un brouhaha persistant…

Que se passe-t-il donc ici ?

- Non !!! C’est moi le plus beau ! dit l’hortensia. Regardez mes pompons bien fournis ! Ils sont même capables de changer de couleur !

- Pas du tout, rétorquent les roses ! Nous sommes les reines ici. C’est officiel. D’ailleurs nous portons des noms de personnages célèbres !!! Ce n’est pas votre cas, je crois ?

Les marguerites leur coupent la parole :

-Ici, nous sommes en majorité et nous servons d’oracle aux amoureux !!!

« Je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément … », entonnent-elles remplies d’orgueil. 

Fou rire général :

-Pour finir complètement chauve, sans aucun pétale sur la tête ! Se moquent les roses.

C’est alors qu’apparaît une fée, coiffée d’une couronne d’or et parée de sa robe moirée.

-Stop ! Mesdemoiselles ! Du calme, je vous prie !

Pour mieux l’impressionner, toutes les fleurs exhalent leurs différents parfums et choisissent leur plus belle parure.

-Je vous lance, à toutes, ce défi dit la fée :

Interrogez le vent, Mesdames les abeilles et Messieurs les oiseaux et demandez-leur, quelle est leur fleur préférée ;

La fleur plébiscitée sera nommée « reine », pour cette année.

Quelques heures plus tard, tous se regroupent près du massif.

- Mademoiselle l’hirondelle, vous avez la parole ;

- Il apparaît qu’aucun choix ne soit possible, Madame la Fée.

Les oiseaux préfèrent les tulipes, le vent a choisi le muguet, et les abeilles la lavande. Elles se complètent pour embellir cet endroit ;

Monsieur le désespoir du peintre prend à son tour, la parole.

Il semblerait qu’aucune d’entre-nous ne remporte le scrutin. Dorénavant, nous cohabiterons en harmonie. Les humains et leurs concours de Miss Beauté nous ont contaminées. Nous avons chacune notre place, retournons à notre monde olfactif, éphémère et démocratique, sans roi ni reine.

Voilà qui est juste acquiesce la foule des fleurs.

Saluée par mille parfums divers, la Fée disparut, le sourire aux lèvres.