Luc Latapie
Les particules élémentaires
Bruno tes amours mal formés
Laissaient un flou sur la conduite de cette vie
Tu étais une envie
Continuée dans chaque chose
Combien de chair acheminée jusqu'à tes yeux ?
Le cœur que l'on avait fixé à ton insu
Battait comme une mécanique cruelle
Infaillible dans l'art de souffrir
Une mémoire prononçait
Tes blessures à voix intelligible
Ton vœu parmi la foule
Gardait sa marche secrète
Rivière au monde
Dans lequel demeurait ta barge arrêtée
Où nous allions
J'ai laissé dans ma marche un peu des longues routes
Qui emprunte aux cieux le silence des voutes,
J'ai aperçu au sol les lignes de ma maintenant
Et l'astre maintenant, émonde mon chemin.
La Terre est parcourue de trop peu de sillons
Pour suffire à ces cœurs lassés de nos maisons,
Et qui voient en l'ailleurs ce fameux port d'attache
Où l'âme de l'ennui à jamais se détache.
Il est de tous les pas, plus doux qu'une prière,
Celui qui s'en allant n'a plus soin de l'arrière :
Peu importe où la nuit reflète son soulier,
Pour espérer Ici, il n'est qu'un mot : « Aller ».
Le corps des sentiers
Nous n'aurons de passage
Que les yeux dans nos corps,
Les lignes dans nos sangs
Nos pas accoucheront de montagnes sans nom
Nous apprendrons aux herbes à guetter