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Écrire à Muret avec le Prix du Jeune Écrivain
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5 octobre 2016

La chocolatine (extraits) - Florie Bonnel

DSC_6110 Florie Bonnel

Manon aime commencer sa journée par un petit noir bien serré. La qualité du breuvage avalé influence beaucoup l’humeur de la jeune femme. Par conséquent, elle préfère prendre un minimum de risques concernant cet expresso, respectant à la lettre un rituel minuté avant de s’installer devant son PC avec la tasse qu’elle réserve exclusivement au café, et sa chocolatine. Debout dans son coin cuisine, après avoir attaché ses longs cheveux bouclés et mis l’eau à chauffer dans la bouilloire, elle dose son arabica lyophilisé à l’aide d’une cuillère spéciale qui doit être remplie juste comme il faut pour que le café ait le même goût que celui de la veille.

Après avoir avalé son expresso en deux ou trois gorgées, Manon se saisit de sa viennoiserie. Manger une chocolatine, c’est tout un art. D’abord, il faut s’attaquer à la pâte feuilletée bien gonflée. Du bout des doigts, pour éviter de perdre trop de miettes, la jeune fille effeuille la pâte cuite comme une grosse marguerite. Ensuite, elle savoure la finesse des pétales détachées une à une. Après les premières couches, décortiquer le petit pain devient de plus en plus difficile et minutieux, mais Manon ne renonce pas. Elle partage alors la chocolatine en deux dans la longueur, isolant chaque barre de chocolat enrobée de pâte afin de mieux poursuivre son travail d’épluchage. À cette étape, les feuilles sont plus fines, plus délicates, elles se déchirent parfois. Elle a envie de croquer dans la pâte. Un abandon serait tentant mais si proche du but, ce n’est déjà plus envisageable. Manon poursuit donc l’égrenage des feuilles jusqu’au cœur gourmand de son péché mignon. Le beurre chaud fait briller la pulpe de ses doigts et parfume la pièce à la douceur familière des petits déjeuners de son enfance. Sous le voile floral de la dernière feuille, elle voit se dessiner la tige de cacao tant attendue. Plus aucun doute, son petit déjeuner sera réussi. Avec précautions, elle déshabille le bâtonnet sans réfléchir, les yeux dans le vague. Enfin, le chocolat est libéré de son enveloppe, semblable à un papillon sorti de sa chrysalide. Il ne casse pas, il ne fond pas encore sur ses doigts. Manon croque dedans. L’esquisse d’un sourire se pose sur ses lèvres. C’est bon, sa journée peut commencer.

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Commentaires
C
on s'y croirait : aussi fort qu' une séance d'hypnose ...
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