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Écrire à Muret avec le Prix du Jeune Écrivain
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5 octobre 2016

Vie - Emmy Kretz

Ethelys était née.

Toute petite, minuscule même. Dans le froid intense de la haute atmosphère, là où toutes venaient à la vie, elle restait en suspens, glacée, transie. La fraîcheur faisait onduler sa peau lisse et parfaite ; elle, gardait les yeux ouverts, écarquillés, regardant ses sœurs tour à tour, ses grandes sœurs et ses petites sœurs qui venaient de naître tandis que sa conscience s'éveillait. Elle devait rester vigilante, une certitude qui venait de germer dans son esprit de nouveau-né. Etre attentive, cela empêcherait le givre de s'emparer d'elle, comme il s'était emparé de nombre de ses sœurs.

Ethelys frissonna. La peur de disparaître venait de se présenter à elle, mais son esprit naïf avait du mal à interpréter cette grande  frayeur. Quelques unes de ses sœurs s'approchèrent d'elle, lui murmurèrent des paroles de vent tiède pour la réconforter. Elle écouta leur sagesse, ses sœurs étaient plus âgées qu'elle, de quelques instants à peine pour certaines.

Les sœurs d'Ethelys se serrèrent tout près d'elle, contre elle. Elle les sentit l'englober et toutes leurs consciences fusionnèrent en une seule. Elle réalisa qu'elle avait grossi. Un peu. Juste assez pour que le givre ne soit plus un problème vital. Sa toute nouvelle conscience se remémora tous les savoirs des grandes sœurs, leurs conseils.

Ethelys savait quoi faire, désormais. Elle se lia avec d'autres de ses sœurs, les soulageant de leur frayeur du givre et grossissant un peu plus à chaque fois. Elle put ainsi descendre un peu dans l'atmosphère, rencontrer d'autres sœurs qui avaient grossi elles aussi.

Afin d'éloigner toujours plus le givre, le froid, Ethelys s'unit avec ses sœurs et descendit un peu plus. A chaque fois, elle rencontrait beaucoup de sœurs, elle en englobait certaines, elle dégringolait de nouveau. Elle se sentait de plus en plus en sécurité, ce n'était jamais assez.

Elle arriva enfin au seuil de son royaume. Ses sœurs, à ce palier, étaient grosses et moins nombreuses. Elle devina qu'elle avait la même taille qu'elles, parfaitement ronde, compacte, la peau tout aussi lisse et parfaite que lorsqu'elle était née. Elle chercha encore à s'unir avec des sœurs. Elle ne savait plus pour quelle raison elle ressentait ce besoin vital.

Elle se détacha alors de son royaume d'air, rejetée par ses sœurs encore fines. Elle remarqua qu'elle n'était pas la seule à être bannie. La chute dura longtemps, la vitesse ondulant sur sa peau autrefois parfaite. Elle vit alors un autre royaume, un royaume aux nuances vertes qui frappaient ses yeux curieux. Elle ne connaissait pas d'autre couleur que le gris, cela l'enchanta : peut-être que ce royaume-là voudrait d'elle ? Les tons verts se rapprochaient d'elle, très vite.

Ethelys ne sentit pas la fin de sa longue chute. La petite goutte d'eau s'écrasa sur une feuille verte, se dispersa en un million de gouttelettes qui s'abattirent un peu plus bas, se divisèrent encore puis se posèrent sur le sol de terre mouillée, terme de leur voyage.

Ethelys n'était plus.

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Commentaires
C
Très joli. Une jeune plume prometteuse !
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