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Écrire à Muret avec le Prix du Jeune Écrivain
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  • Venez découvrir les textes écrits par les stagiaires et les écrivains des Ateliers d’Écriture du Prix du Jeune Écrivain, ainsi que divers témoignages et autres contributions littéraires. Crédit photos : Guy Bernot
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30 octobre 2015

DANS L’APRES-MIDI - Laura Tuillier

 

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C’était l’après-midi, le calme blanc des heures qui suivent le déjeuner. Dans la petite chambre de l’étudiant, elle était restée seule, parce qu’elle n’appartenait pas à l’école et n’avait pas de cours à y suivre. Elle n’avait donc rien à faire. Elle l’attendait. Il allait revenir, à 17 heures, à 17h20 s’il trainait dans les allées, sur le chemin du retour, avec les autres garçons. Pas après 17h30, il l’avait promis, ils avaient si hâte. Mais il était seulement 15h.

Elle avait d’abord foulé le sol dans toute la longueur, pieds nus, et ses orteils collaient un peu au linoleum beige. Elle avait atteint la fenêtre et regardé le parking, en bas. Les voitures ne bronchaient pas. L’une d’elle, rouge, brillait un peu plus dans les éclats gelés de l’hiver. Elle est restée un moment là, presque hébétée, le front rafraichi par la vitre.

Ensuite, elle s’était assise au bureau, elle avait examiné les objets : son ordinateur à coque blanche, des paquets de feuilles à carreaux, trois mugs marocains, salis par du vieux café, un paquet de sucre Daddy. Le reste du bureau était recouverte d’une fine poussière, qu’elle ramassait avec son index. Elle dessina un coeur machinalement, et le chiffonna.

Ensuite, elle a été jusqu’à la salle de bains, et en se lavant les mains, elle a remarqué que le lavabo était sale, avec des traces de dentifrice et quelques cheveux sur le rebord. Mais ça ne la dérangeait pas, et c’était sûrement la preuve qu’elle l’aimait. Qu’elle l’aimait bien.

Puis elle a été s’allonger sur le lit une place de l’étudiant et elle a découvert, en tâtonnant sous le coussin, un tee-shirt blanc tout fatigué et un caleçon noir. Elle a fermé les yeux et fourré son nez quelques minutes dans les vêtements. Son œil est tombé sur le réveil fluo de l’étudiant et elle a vu s’afficher 15h31, et 15h32.

Elle a eu froid et a été se rapprocher du chauffage électrique, installé près de l’entrée. Il crachait de l’air tiède, elle a tourné la mollette au maximum. Elle a laissé la chaleur engourdir ses mollets.

Ensuite, elle a été ouvrir les tiroirs du bureau. D’abord celui du haut, qui contenait des feuilles blanches, des cartouches d’encre, un vieux rouleau de scotch et un porte-clefs en forme de raquette de tennis.

Puis celui du milieu, qui contenait des lettres de l’école, des post-its de couleur et un petit carnet tout noir. Elle n’a pas décidé de l’ouvrir mais elle a commencé à le lire quand même, d’abord en essayant de ne pas comprendre les mots, juste pour découvrir l’écriture de l’étudiant.

Finalement, elle a tout lu, et relu, il racontait l’histoire d’une fille, une fille qui ne lui ressemblait pas du tout, avec des yeux noirs et des manières de chipie. Il parlait d’un rendez-vous à Disneyland, et du baiser, du baiser sans suite. Il écrivait qu’il pensait ne jamais l’oublier, bien sûr.

Ensuite, elle a refermé le carnet et elle a pris bien soin de le replacer exactement comme il était, entre les post-its de couleur et les lettres de l’école.

Elle a été s’allonger sur le lit, et s’est endormie, entre le coussin et le tee-shirt.

 

Il est rentré à 17h, comme promis et, en s’allongeant près d’elle, il lui a demandé ce qu’elle avait fait. Elle a répondu dans un sourire qu’elle avait dormi, ce qui n’était pas tout à fait faux.

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