Infime voyage - Yseult Gouachon
Lorsque la peau s’ouvrit, elle fut la première à sortir. Sur la ligne tracée par l’éclat de porcelaine, elle n’était qu’une rougeur timide en bordure de l’inconnu.
Elle hésita un peu, prise de vertige face à la hauteur humaine, mais un clignement des paupières ne lui laissa pas le choix.
Sa chute traça l’os de la pommette et le tendre de la joue, avant de s’arrondir sur la mâchoire crispée. Là, son sort resta en suspens un fragment de seconde. Tapis cossu ou habits tâchés ? Tiraillée vers le bas, elle s’abandonna au hasard et roula en perle dans le vide. Cette trajectoire incertaine ne s’acheva pourtant pas sur la souillure du lin ni sur le velours du sol, mais dans la tiédeur du thé. Elle s’y noya doucement et dans le reflet de son tombeau, le long d’un visage, une goutte coulait.