LE RETOUR - Augusta Barnabée Hakamineza

Nous sommes en 1978, Donatien vient juste d’être sélectionné parmi les dix premiers de son école secondaire, formation enseignant. Lui qui a grandi dans une famille d’agriculteurs depuis 3 générations ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter, d’être loin de ses proches pour la toute première fois. L’ailleurs lui faisait peur, mais aussi l’intéressait beaucoup plus que de rester.

C’était un jeune homme très calme, intelligent et discret. Quand il étant enfant, sa mère ne savait pas comment serait son avenir, tout était spécial avec lui, il s’était fait des admirateurs à son école et quelques ennemis parmi les professeurs qui n’arrivaient pas à comprendre comment il raisonnait. Explorer des nouvelles choses faisait partie de sa vie.

La douce saison sèche se terminait petit à petit. Les cultivateurs se préparaient déjà pour une autre activité agricole et Donatien admirait ces robustes travailleurs. La récolte était une saison particulière pour lui, il pouvait voir que tous les efforts de sa famille et lui-même payaient.

Sa passion : l’agriculture.

Il avait grandi dans un petit village de Béni. Sa vie était déjà écrite. Il allait terminer ses études, avoir la moyenne et rejoindre aux champs pour aider son père. Mais voilà : la bourse était belle et bien là, ce n’était pas un choix pour lui qui n’avait jamais voyagé de sa vie. À l’annonce de la nouvelle, son visage s’était illuminée, des millions d’idées se bousculaient dans sa tête et l’empêchaient d’écouter les informations du directeur de l’école sur le nom de l’université, la vie là-bas, les dangers mais aussi les avantages.

Les mêmes mots se répétaient au plus profond de lui : ‹ J’ai une bourse, j’ai une bourse ! »

Le gouvernement lui offrait une prime de 50,000 francs congolais pour les préparatifs, son voyage jusqu’à l’université, et les achats de quelques effets personnels. Mais ce qui l’intéressait le plus, c’était maintenant qu’il allait enfin apprendre autre chose que ce qu’il avait connu à son école et son village.

Tout cela n’était que de lointains souvenirs. Cinq ans déjà avaient passé et il devait retourner au village.