Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrire à Muret avec le Prix du Jeune Écrivain
Écrire à Muret avec le Prix du Jeune Écrivain
  • Venez découvrir les textes écrits par les stagiaires et les écrivains des Ateliers d’Écriture du Prix du Jeune Écrivain, ainsi que divers témoignages et autres contributions littéraires. Crédit photos : Guy Bernot
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Visiteurs
Depuis la création 44 008
5 octobre 2016

Le Cadeau - Michel Lambert

DSC_5247 (Copier)

  Sans y penser, je m’approchai d’elle. Si j’y avais pensé, bien sûr que je l’aurais évitée. Mais cela avait été machinal, une sorte d’automatisme, d’amnésie si l’on préfère. Peut-être s’y mêlait-il autre chose, mais sur le moment, je ne pensais à rien, j’étais juste un peu de ferraille aimantée. Elle était assise à la terrasse du Continental, sur le boulevard de la Rénovation, à deux pas des principaux ministères, de la Bourse, des grands journaux. Je venais de traverser distraitement. D’où j’étais, j’apercevais, installés à l’autre bout de la terrasse, un ancien Premier ministre et un homme d’affaires connu, mais ç’aurait pu être un trader, une vedette de cinéma ou du showbiz, voire un truand au masque affable. Ou un couple people.

  Traîne souvent dans le coin l’un ou l’autre paparazzi. Dans une autre vie, j’ai été l’un d’eux, enfin presque.

  Et dans une autre vie encore, j’ai moi aussi fixé des rendez-vous au Continental, j’y ai même, folie suprême, loué une chambre avec suite.

  Pour l’épater.  

  Elle ne m’avait pas vu venir. Elle était seule devant son guéridon au plateau de marbre. Ses yeux étaient dissimulés derrière des lunettes noires et, en m’approchant, je me demandai ce qu’elle regardait, la tête droite, l’air absent, figée comme certaines femmes de Hopper. Sur le guéridon, une tasse de café. Sur le siège voisin, un sac bleu nuit de chez Hermès.

  Quand je ne fus plus qu’à un mètre ou deux d’elle, je prononçai son prénom, toujours sans y penser.

  - Sybille.

  Elle tourna la tête, releva ses lunettes sur sa chevelure qui, jadis noire et abondante, était maintenant de teinte auburn, coiffée court. D’abord surprise, elle me dévisagea ensuite avec froideur. Sans doute m’en voulait-elle d’avoir interrompu sa méditation. Ou d’être toujours en vie. Puis un mince sourire apparut sur ses lèvres. Je toussotai. Tu as mal à la gorge ? Oui, un peu. Elle haussa les épaules. Par ce temps ! Son sourire se fit un rien condescendant.

  Elle me parut… comment dire… plus jeune, plus mince qu’auparavant. Et aussi plus dure, plus riche. Je devrais dire encore plus dure, encore plus riche, mais tout cela est tellement relatif. Déjà à l’époque où nous vivions ensemble, son aisance financière me gênait et je me ruinais pour donner le change.

  Je m’assis en face d’elle puis changeai de place et me mis à son côté, afin d’éviter son regard de pierre et de pouvoir bénéficier moi aussi du spectacle de la rue. Voyant ma manœuvre, d’un geste nerveux elle s’était emparée de son sac qu’elle avait fait disparaître sous la table, à ses pieds, cependant que je plaçais sur mes genoux le rouleau en carton dur ainsi que la grande enveloppe qui m’encombraient depuis le début.

  Autrefois, elle n’était pas comme ça. Elle ne me méprisait pas, du moins pas ouvertement, peut-être parce qu’elle sortait d’une sale affaire, dont je n’ai jamais rien su sinon par allusions échappées, et que les siens l’avaient rejetée. Elle était seule, toute seule. Comme moi.   

  Le soleil était accablant, mais la marquise frappée aux lettres de l’établissement nous en protégeait. L’ombre et la lumière, à l’image du quartier, c’était aussi ce que nous avions été, elle et moi, à tour de rôle, et ce que je n’avais jamais cessé d’être, en fin de compte. Tantôt l’ombre, tantôt la lumière, parfois les deux.   

  Le garçon s’approcha. Je commandai une tisane avec une noix de miel. Et elle un autre café.    

  Elle rajusta ses lunettes sur le nez, retrouva sa pose hiératique. À nouveau je m’interrogeai sur ce qu’elle pouvait bien contempler. Peut-être une de ces boutiques de luxe où elle avait ses habitudes et qui font faillite les unes après les autres, à cause de la cherté des loyers. Ou, plus loin, cet ancien immeuble de bureaux que l’industrie des hommes transformait en résidence de prestige avec piscine, sauna, salle de cinéma. Peut-être rien. Les yeux baissés ou grands ouverts sur le songe.

  Sans y penser, je lui dis :   

  - Quand j’étais journaliste…

  Je ne poursuivis pas. Tout cela était dénué d’intérêt. De vieilles histoires que je lui avais racontées cent fois et dont elle s’était lassée très vite. J’entendais revenir ses protestations, ses moqueries. Encore ces fichues anecdotes… Crois-tu une seconde qu’avoir serré la main de célébrités te confère plus d’importance ? Ces gens-là ne sont que du vent…

  Du vent, sans doute. Mais pas tous. En ce temps-là, j’étais fier de les rencontrer, et maintenant encore ces souvenirs me procurent du plaisir, aussi futile qu’ait été mon ancien métier.  

  Tout en baissant les yeux sur le marbre ocre du guéridon, veiné de vert et de noir, je me rappelai qu’ici même, dans une suite de l’hôtel, j’avais rendez-vous avec un comédien au sommet de sa gloire, qui m’avait accueilli l’index pointé sur sa gorge douloureuse. Pour ne pas hypothéquer la représentation du soir au théâtre de l’Île bleue, il avait répondu à ma première question par des gestes et des mimiques absurdes. De toute évidence, il se fichait de moi. Pour lui rendre la monnaie de sa pièce, j’avais fait le poirier puis, après un enchaînement de  courbettes, j’étais sorti très civilement, en accompagnant la porte.    

  Celle-là, je ne la lui avais jamais racontée. C’était de circonstance aujourd’hui,  mais à quoi bon. En vérité, je n’avais plus rien à lui dire.

  Quand bien même je lui aurais dit quelque chose, elle aurait eu ce petit air moqueur à cause de mon accent trop travaillé à son goût, preuve de mes origines modestes et de mon désir de les renier.

  Sur ces entrefaites arriva le garçon, son plateau à la main.

  La première gorgée de la tisane me brûla le palais.

  Je l’observai quelques instants à la dérobée, son profil altier, sa peau qui récusait les meurtrissures de l’âge, ses formes généreuses, et cette maladresse qui m’avait toujours crispé. Quand elle prenait une tasse, j’étais sûr qu’un peu de café se renverserait dans la soucoupe. Voilà, c’était encore le cas. Je me demandai furtivement si, dans mon état, avec ce fichu mal de gorge, et sans doute un peu de fièvre, à supposer que je la rencontre pour la première fois, l’idée me serait venue de lui faire la cour, avec une arrière-pensée dans la tête. 

  Je sentais bien que non. Mon gros rhume. Mes années entassées. Et puis, une fois de plus, à quoi bon. Les mots, le désir, tout s’était envolé.

  L’ancien Premier ministre passa devant nous, il avait dû démissionner quelques années auparavant, à la suite d’un marché truqué. Elle se leva et le rattrapa. Je les vis discuter, tout sourire l’un et l’autre.

  La circulation était fluide, presque silencieuse, réduite à un simple fond sonore, mais les percussions des marteaux-piqueurs avaient des stridences agaçantes.  

  Elle se rassit, l’air satisfait.

  - Tu le connais ?

  - Un peu, répondit-elle à contrecœur, mais je savais qu’elle aussi, à sa manière, avait toujours aimé recevoir la lumière des autres.      

  - Il est grillé, dis-je.

  -  Et alors ?  

  Elle allait monter sur ses grands chevaux, je le sentais.   

  - Ne te fâche pas.

  - Pourquoi es-tu venu t’asseoir à côté de moi ?

  Je crus qu’elle allait pleurer.

  - Je ne sais pas, dis-je.

  - Tu ne sais pas ?

  - Non, je ne sais pas.

  En soupirant, elle désigna du menton le rouleau de carton dur posé sur mes genoux. J’enlevai le couvercle et, avec une minutie extrême, sortis, protégée par du papier de soie, une gravure de Suzanne Valadon représentant un nu féminin.  

  Elle ôta ses lunettes, qu’elle tint par une branche entre le pouce et l’index, contempla l’œuvre, ne fit aucun commentaire.

  - Ça te plaît ?

  Elle hésita à répondre, finit par hausser les épaules.    

  - Ce n’est pas un faux, au moins ?

  Comme elle disait cela, je me rendis compte que j’avais perdu l’habitude de sa voix, au point de n’être plus capable d’y démêler la suspicion de l’ironie, voire de la simple taquinerie.

  Je sortis de l’enveloppe le certificat d’authenticité et une photocopie de l’œuvre dans le catalogue raisonné.

  - J’ai peut-être inventé beaucoup de choses dans mes interviews, et sûrement aussi dans ma vie, mais je suis un marchand sérieux.

  Détournant le regard, le nez à nouveau chaussé de ses lunettes noires, elle se replongea dans l’observation de la rue. À moins qu’elle n’eût fermé les yeux et  méditât, mais sur quoi ?

  Sur ce que je venais de dire ? De lui avouer ?

  Précautionneusement, je remis le Valadon dans son rouleau, les documents dans leur enveloppe, me levai sans un mot et emportai le tout. Je traversai l’intérieur du café, à la fois chic et un rien kitsch, un peu snob, et me dirigeai vers le comptoir où je demandai le code à quatre chiffres des toilettes. L’établissement en changeait chaque semaine. Le préposé coiffé d’une casquette galonnée m’accueillit avec sa cordialité habituelle. Une vieille connaissance. Depuis le temps ! Il m’avait connu journaliste débutant avant d’assister à ma reconversion en courtier en art.

  - Président Kennedy, dit-il.

  Je haussai les épaules.

  - Facile. Assassiné en 1963, à Dallas. 1963, c’est ça le code ?  

  Il hocha la tête.

  -  À toute fin, un début.  

  Je fronçai les sourcils en signe d’incompréhension.

  - Né à Brookline en 1917.

  - Merci. Je vous confie ceci, dis-je en lui tendant l’enveloppe et le  rouleau.

  Et je me dirigeai vers les escaliers.

  Quand j’allai récupérer mon bien, j’éternuai à cause de la climatisation. Le préposé me fit remarquer que j’avais une mine de papier mâché.

  - Un peu de fièvre, je crois. Un début de crève.

  - Ça va les affaires ?

  - Comme jamais. Avec la crise, les gens investissent dans l’art. Le réflexe habituel. Une aubaine, cette crise. J’espère qu’elle va se prolonger.

  Il émit un petit rire, sans desserrer les lèvres.

  - Je vous aime bien, me dit-il.

  - Moi aussi. Vous au moins, vous comprenez la vie.

  Machinalement, je me rapprochai de la table de Sybille. Elle papotait avec une femme élégante au visage émacié et ridé que j’avais dû croiser autrefois, croiser étant une façon de parler, et qui, à cet instant précis, occupait ma place. Je m’arrêtai et les observai toutes deux de biais, debout, à mi-chemin, encombré de mon rouleau et de mon enveloppe, le front en sueur, jusqu’à ce que la femme élégante et trop vite vieillie prît congé. Lorsqu’elle se leva, son regard s’arrêta une seconde ou deux sur moi et, durant ce court moment, il me sembla qu’elle avait pitié de moi autant que j’avais pitié d’elle.  

  - Je te croyais parti, dit Sybille d’une voix contrariée lorsque je me rassis.

 Peut-être avait-elle honte de ma présence. Et moi honte d’autre chose. Mais la fièvre me donnait une singulière distance, je me sentais décalé, hors de la vie réelle. De ma voix enrouée, je demandai :

  - Qui était-ce ?

  - Qui ?

  - La femme qui était assise ici, à côté de toi.

  - Une amie. Elle est psychiatre. Je ne te l’ai jamais présentée ?

  Du revers de la main, j’essuyai mon front en sueur. Je me sentis frissonner.

  - C’est loin tout ça, dis-je.

  - Mais si, voyons !

  Puis, subitement inquiète :

  - Elle t’a repéré ?  

  - Non, je ne crois pas. C’est important ?

  - La page est tournée, n’est-ce pas ? Il n’est pas bon qu’on nous voie ensemble.

  - Pourquoi ?

  - Parce que.

  Depuis peu, le ciel s’assombrissait au passage de gros nuages. Un vent léger s’était levé et de la poussière en provenance du chantier, chassée par de brusques et fugitives rafales, volait jusqu’aux tables du premier rang. À côté et derrière nous, les gens commentaient ces caprices du temps et certains quittaient la terrasse pour terminer leur verre à l’intérieur du café. Par intervalles le soleil réapparaissait avec insolence, mais ce retour était de courte durée.

  Je me préparais moi aussi à partir. Pourtant, je lui dis :

  - Le Premier ministre, il est ton amant ?

  Elle hocha la tête avec commisération.

  - Tu es un vrai malade. De toute façon, qu’est-ce que ça peut te faire ?

  En effet, qu’est-ce que ça pouvait me faire ? À l’époque, c’était autre chose. J’étais persuadé qu’un jour ou l’autre elle me tromperait, si ce n’était déjà fait. Elle me prenait de haut, dénigrait mes minces victoires, de sorte que je me sentais indigne d’elle – un choix par défaut. Mais elle, ne l’était-elle pas aussi, un choix par défaut. Je la harcelais de questions et plus j’en posais, moins il y avait de réponses.

  Le ciel s’éclaircissait, s’assombrissait. Je transpirais de plus en plus, une mauvaise sueur dégoulinait de mes aisselles sur les flancs. Chaque fois que je toussais, une lame me déchirait la gorge. Je fis signe au garçon et commandai un whisky.

  - Tu bois, maintenant ?

  - Nécessité fait loi, marmonnai-je.

  Il y eut un silence.

  Deux minutes plus tard, j’entamais mon whisky. Entre deux gorgées, je prononçai pour moi-même :

  - Est-ce que l’amour peut être comparé à une œuvre d’art ?

  Cela la fit se dérider. Tu ne changeras jamais ! s’exclama-t-elle. Quel type compliqué tu fais. Tant mieux, répondis-je. Au moins ça te détend. Oh, que tu es belle quand tu souris ! Moque-toi ! Je ne me moque pas. Tu es ivre alors. Non. En fait, cette question m’est sortie de la bouche sans que j’y prenne garde. Association d’idées sans doute. Hier, j’ai participé à une vente aux enchères.

  - C’est ça, dit-elle.

  - Oui, c’est ça.

  Fiévreux, la gorge de plus en plus douloureuse, l’esprit chancelant, je me demandai tout haut et le plus sérieusement du monde ce que notre amour aurait valu s’il avait été mis aux enchères.

  - Tais-toi, je t’en prie. Tout le monde t’écoute.

  Je haussai les épaules.

  - Ce qu’il aurait valu ? Pas grand-chose, repris-je en chuchotant, mes yeux plongés dans les siens. Peut-être que, comme nous sauvions les apparences en société, la prisée aurait été élevée, mais, après l’avoir examiné sous toutes les coutures, les amateurs auraient vite compris de quoi il était fait, cet amour. Vu la médiocrité des offres, le commissaire-priseur l’aurait sûrement retiré de la vente.  

  Malgré mon mal de gorge, je me forçai à rire, mais telle était la vérité. Et elle n’était pas drôle.

  Je me tus.

  Peut-être lui avais-je fait mal ?

  Pendant le long silence qui suivit, je revis l’œuvre unique, sans comparaison possible, que j’avais possédée et tant aimée autrefois, des années et des années auparavant. Celle-là, mise aux enchères, aurait atteint des sommets fabuleux, elle était si belle, si simple, d’une facture innocente et mystérieuse à la fois, elle se donnait avec loyauté, il fallait la prendre avec douceur. Un jour, on me l’avait volée.  

  Je reniflai un peu trop fort.

  Le soleil recommençait à taper fort et ma chemise me collait à la peau. J’avais froid. J’étais vraiment dans un drôle d’état. Comme dans un autre monde. Je me mouchai, bus une nouvelle gorgée de whisky.  

  - Tes doigts tremblent, André.   

  Il y avait si longtemps que je n’avais plus entendu sa voix prononcer mon prénom. Elle savait être attentive et tendre, ça aussi je l’avais oublié. J’achevai mon whisky et quand le serveur m’en apporta un autre, et que je sus que ce bon vieux scotch me permettrait de tenir le coup quoi qu’il advienne, je dis d’une traite :  

  - Tu te souviens de la lettre anonyme ? Ce n’est pas à cause d’elle que je t’ai quittée, mais parce que je ne parvenais pas à oublier une femme qui avait partagé ma vie des années plus tôt. J’y pense encore pratiquement tous les jours.

  - Cette lettre anonyme, c’était un tissu de mensonges. Une lettre de chien.

  - Oui, sans aucun doute. Je ne sais même plus ce qu’il y avait dedans.

  - Et tu t’en es servi comme d’un prétexte ! Tu n’as jamais été qu’un salaud.

  Ça me faisait plaisir, en un sens, qu’elle me parle de la sorte. Je commençais à être ivre et, franchement, il me semblait qu’après tant d’années je lui devais la vérité, même si les choses sont toujours plus compliquées.

  Le soleil revenu pour de bon, la terrasse était à nouveau pleine. La circulation se faisait plus intense, mais les ouvriers du bâtiment avaient plié bagage. On entendait de temps à autre la sonnerie d’un téléphone portable. Flottait une odeur d’été, d’effluves empesés.

  À mes côtés, elle était telle que je l’avais aperçue de l’autre côté de la rue, figée et indéchiffrable. Ce qui était curieux, c’était de l’avoir reconnue malgré les années, malgré le changement de coiffure, malgré les lunettes noires. Peut-être parce que tous les personnages de Hopper ont un air de famille.

  Alors que je me levais en silence, je remarquai à l’index de sa main gauche une bague qui me stupéfia. Jamais je n’en avais vu de pareille, jamais de pareille je n’aurais pu lui offrir, et je ne parle pas seulement de son coût – elle semblait immémoriale, prête à tout défier.

  Je lui effleurai le bras. Elle tourna la tête, enleva ses lunettes, et m’interrogea du regard.

  Je chancelais un peu, à cause de la chaleur et du froid intense qui s’était emparé de moi, à cause de l’alcool, à cause de ce que je venais de voir.

  - Ta bague, dis-je. Elle est vraiment superbe.

  Elle sourit. Son sourire était à la fois heureux et revanchard, un peu triste aussi.

  - Je vais me marier.  

  Je lui adressai un long regard, peut-être eut-elle le temps d’y lire l’étrange sentiment que j’éprouvais, de plaisir et de soulagement, mais aussi de crainte pour elle. Et de nostalgie peut-être.  

  - Toutes mes félicitations, dis-je. Je te souhaite le meilleur.

  Et je pressai son épaule. 

  Puis, après un moment d’hésitation, je partis en abandonnant sur ma chaise le rouleau en carton et la grande enveloppe. 

Publicité
Commentaires
F
"Auteur en quête de personnages" : c'était en 2016, et je ne connaissais pas les AE de Muret, encore moins les auteurs...En 2017, je me suis retrouvé à l'atelier de Michel Lambert, autour du thème "Soleil trompeur". Lorsqu'il s'était présenté, je n'avais pu m'empêcher de faire cette remarque : "vous semblez être un auteur en quête de personnages". Ce à quoi il m'avait répondu : "Vous me direz à la fin si cela se confirme"(je le cite de mémoire).<br /> <br /> Ce n'est qu'aujourd'hui, à la recherche du stagiaire Thomas Bois Beddock sur Internet, que je suis revenu sur le site du PJEF et retrouvé en surfant les thèmes de l'an dernier. Agréable surprise qui vient ajouter au hasard de notre rencontre, une énième pièce à conviction au profit de la Nécessité : c'était écrit, en ma faveur, je devais le rencontrer cette année !... Ce n'était pas gagné. Loin de là, mais on connaît la suite, lui et moi...<br /> <br /> Florentin
Publicité
Publicité